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Entretien exclusif avec…Mouniry Sy, directeur général du Bsda : « L’ère de la masturbation politique est révolue ! »

SETAL.NET - Cinq mois après sa consécration comme directeur du Bureau sénégalais des droits d’auteur (Bsda), le constitutionnaliste Mouniry livre dans cet entretien exclusif accordé à Setal.net ses performances à la tête de cette institution qu’il a héritée de Rokhaya Siby. Mais c’est non sans aborder avec nous des questions politiques. En effet, il s’est prononcé sur la mue annoncée du mouvement Fekké ma ci bolé dont il est l’un des cadres les plus en vue. En outre, il est revenu largement sur ses rapports avec l’actuel ministre de la Culture et du Tourisme, Youssou Ndour. Mouniry Sy dont le combat pour la non-recevabilité de la candidature d’Abdoulaye Wade est connu de tous, n’a pas esquivé la question sur la probabilité d’un maintien du mandat de 7 ans pour lequel l’actuel chef de l’Etat a été élu. Pour l’Universitaire Mouniry Sy, Macky Sall n’a pas le droit de faire plus que 5 ans…Entretien


Entretien exclusif avec…Mouniry Sy, directeur général du Bsda : « L’ère de la masturbation politique est révolue ! »
SETAL.NET : Cinq mois après votre installation comme directeur général du Bureau sénégalais des droits d’auteur, avez-vous fait l’état des lieux ? Si oui, qu’est ce qui a été décelé de bon comme de mauvais ?

Cinq mois, c’est trop dire, on est à trois mois et demi ou quatre mois parce que j’ai été installé au mois de juin et j’ai commencé à travailler depuis le 15 juin. Maintenant ce qu’il y a à constater, quand je suis arrivé, j’ai fait l’état des lieux, surtout au niveau humain. J’ai demandé les Cv et à ce que chacun du personnel me mette sur une page sa mission. Et pour des raisons sociales, j’ai gardé tout le monde d’autant plus que j’ai trouvé le personnel très professionnel au point que pour l’instant, je suis très satisfait de leur comportement professionnel. Ce que j’ai trouvé d’abord, c’est le cadre qui est le Bsda, c’est un cadre qui n’est approprié à l’institution du point de vue du bâtiment ; il est assez vétuste, les bureaux sont trop exigus, peu accueillants et très centre-ville. Ce serait mieux si le Bsda pourrait se déplacer en dehors du centre-ville, respirer un peu l’air. Maintenant, j’ai également constaté que la plupart du personnel n’avait pas de statut et cela fait désordre ; y’en a qui vont en retraite et qui ne savent pas à quel saint se vouer. Tout ceci doit connaitre un certain toilettage normatif en vue de mettre des règles très répressives. L’autre élément, c’est que je suis très en phase aussi bien en amont qu’en aval, c’est ce qu’on appelle la phase horizontale ; je suis très en phase aussi bien avec le personnel qu’avec ma hiérarchie. C’est pourquoi du point de vue des forces, nous avons le soutien du ministre qui, est avant tout un acteur culturel. Peut être que ceux qui m’ont précédé n’ont pas eu cette chance raison pour laquelle beaucoup de choses se passent, on se comprend très vite et les décisions se prennent très rapidement parce que le ministre en soi est très sensible de ce qui se passe au Bsda. À titre introductif, on peut dire que, l’état des lieux étant fait, j’ai vu qu’il y a beaucoup de choses à revoir parce que j’ai vu que les 600 à 800 millions FCFA qui constitue le budget annuel du Bsda n’est que 20% de ce qui doit être perçu. Il y a 80% de perdu par manque de visibilité, par manque de pugnacité, par manque de représentation en vue de mailler l’ensemble des régions du Sénégal. C’est ce qui nous pousse et nous booste d’ailleurs à aller de l’avant et nous avons espoir pour combler ce manquement.

Depuis que vous êtes à la tête du Bureau sénégalais des droits d’auteur, qu’est ce qui a vraiment changé ? C’est quoi la touche Mouniry Sy ?

La première chose d’abord, c’est l’accès à la direction générale. Chez moi, il n’y a pas de feuille d’audiences, je reçois toute personne qui souhaite voir le Directeur et je suis réceptif à toute sorte de sollicitations. Parce que notre crédo, c’est le disso (la concertation, Ndlr). Ça était le slogan, la manière de faire de « Fekké ma ci bolé » prôné par Youssou Ndour. Parce que le fait de s’enfermer, de s’arcbouter sur des principes ne nous fait pas évoluer. Quand tu veux servir, parce que c’est la nouvelle donne, on sert sans se servir, tu dois d’abord écouter le destinataire de tes décisions. Il faut que l’autre en bénéficie. C’est ce qui explique que je ne suis pas dans une logique de recevoir une journée et de ne pas faire autant une autre, de décaler les rendez-vous à un mois à deux…Je reçois tout le monde et n’importe quand, tout dépend de la disponibilité que j’ai, si je n’ai pas réunion ou d’entretien sinon je reçois de 09 h à 20 h pour écouter les acteurs, parce que je gère un monde très sensible. Dieu a créé l’homme à son image et comme Dieu est créateur, les gens qui se considèrent comme créateurs, ont ce caractère assez sacré. Ils ont tendance à se déifier.  Donc, on doit les prendre comme tels. Et puis, on a une sorte de mosaïque dans la composition de la famille des acteurs culturels : y a des cinéastes avec toute leur noblesse, les écrivains avec leur finesse, leur subtilité de penser, les artistes peintres avec leur caractère un peu décalé parce qu’étant dans un monde parfois surréaliste et les musiciens avec tout leur enthousiasme et leur spontanéité plus les dramaturges…donc, tout ceci à gérer avec subtilité, avec hauteur, avec humour pour désamorcer… (Il ne termine pas sa phrase). Et troisième chose, le Bsda, c’est un lieu d’espoir, toute personne qui arrive ici espère retirer de l’argent, c’est une sorte d’établissement financier, on collecte de l’argent qu’on redistribue et ce sont des gens qui sont les plus démunis parce que l’artiste ne vit pas de son art. Et c’est ça la touche Mouniry Sy comme vous venez de le dire. J’aimerais que j’artiste vive de son art. En quoi faisant ? En allant chercher là ou dort son argent pour le réveiller et le restituer aux ayant-droits. C’est notre nouvelle politique, mais basée sur la pédagogie ! Les abonnés du Bsda, les sociétés qui doivent payer à nos acteurs culturels, on utilise la pédagogie, la sensibilisation dans le cadre du droit pour les amener à s’acquitter de leur devoir. La loi  institue le paiement de redevance de droits d’auteur pour tout utilisateur qui profiterait publiquement d’une œuvre, ça ce n’est pas Mouniry Sy, ce n’est pas Youssou Ndour, ce n’est pas Macky Sall, ce n’est pas Senghor, ce n’est pas Abdou Diouf…c’est une loi votée à l’Assemblée (nationale). C’est cette nouvelle touche que nous voulons amener et cette pédagogie commence à payer parce qu’aujourd’hui (l’entretien a eu lieu le mercredi 24 octobre 2012), vous êtes venu au moment où il y a eu la plus grande répartition depuis que je suis là. Et on a battu un record solide. Avant c’était autour de 50 millions, 60 millions maximum, là on est à 84 millions francs Cfa....la plupart des gens qui sont sortis, sont sortis satisfaits parce qu’on est allés là où dort l’argent. On a revitalisé les représentations régionales du Bsda et on va vers des délégations régionales. Deuxièmement, il y a des représentations de nos sociétés sœurs étrangères comme la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique). Je viens fraichement de Genève, entre-temps je suis passé à Paris pour demander à la Sacem de nous restituer l’argent des acteurs culturels sénégalais, particulièrement des musiciens. Ce qui fait que je suis venu avec une sorte de pactole qui a servi à renforcer cette répartition-là. Y en a qui n’ont jamais reçu de chèque, parce que recevant 2000, 7500, 14000, 20 000…là, ils sont sortis avec leurs chèques pour s’acheter un mouton. Beaucoup de gens m’ont appelé pour dire que c’est une nouveauté, je m’en réjouis, mais pour moi, ce n’est pas un aboutissement, ce n’est qu’un début parce qu’on va plus loin. Je vous ai dit que le budget tournerait autour de 800 millions, moi j’ai un budget qui va aller vers 3 milliards FCFA. C’est possible et je vais expliquer pourquoi…

A vous entendre parler, vous êtes en train de vous battre contre les droits dérisoires dont les artistes n’ont pas arrêté de se plaindre au niveau du Bsda.

Effectivement. Le premier problème qu’on a posé, c’est pourquoi les artistes qui passent leur temps à créer ne parviennent pas à vivre de leur art ? Mais il faut préciser une chose, le Bsda s’occupe des droits d’auteur, éditeurs, créateurs mais pas des interprètes. Or la plupart des gens qui râlent, ne sont que des interprètes. On parle ici de droit d’auteur, on n’est pas encore sur les droits voisins. Raison pour laquelle j’ai envoyé une lettre à l’Ambassade de France leur disant que « Vous nous demandez de vous produire des papiers montrant que telle personne est chez nous parce que voulant voyager en France, jouant de la musique dans un orchestre » je leur dis « mais faites attention, la plupart des membres des orchestres, sont des interprètes. Donc, ne sont pas chez nous ». Pour en revenir à la somme de trois milliards que je viens d’avancer, regardez les centres commerciaux qu’on appelle au Sénégal les marchés publics, prenons l’exemple de Sandaga, figurez-vous que tout Sandaga y a que quatre cantines qui paient les droits d’auteurs et combien ? 30 mille francs l’année, or toutes les cantines de tous les marchés du Sénégal utilisent des œuvres protégées. Je me suis dit que si on parvient, avec l’Unacois, à discuter, parce qu’on n’est pas là pour contraindre, je dirai à ces acteurs commerciaux « vous qui avez vos cantines et qui utilisez des œuvres (protégées), je vous demande seulement de me payer 1000 francs ou 2000 francs par mois ». Allons à 1000 francs par exemple, c’est 250 francs la semaine. En payant ça, tu soutiens l’artiste-musicien, le cinéaste, l’écrivain, le dramatique, le peintre, le tapissier qui sont tous dans l’art. si on prend les marchés de Sandaga, de Tilène, Zinc, Hlm, Yeumbeul, Pikine, Guédiawaye, Thiès, Louga, Kaolack, Saint-Louis, Ziguinchor…tout le Sénégal, je suis persuadé que ces cantines sont au moins à 500 000, mais pour ne pas exagérer, allons à 200 000…200 mille X 1000, c’est 200 millions FCFA le mois. En 10 mois on a 2 milliard FCFA. A partir de ce moment, je peux aller vers mes 3 milliards FCFA d’autant plus que les 800 millions ne représentent que 20% de ce que nous devons avoir.

Faisable dans combien de temps ?

On n’a pas besoin d’attendre. On a la loi avec nous. Pourquoi attendre ? La loi s’applique, elle est en vigueur. Après la Tabaski, j’ai l’intention de m’entretenir avec le bureau de l’Unacois à propos de cette collecte. En plus, il y a les radios et les télévisions qui doivent payer qui ne paient que peu or la réglementation est claire, c’est 4.5% de leur budget de fonctionnement. Nous voulons faire appliquer la réglementation avec toute la rigueur qu’il faut parce que nous allons vers le respect du droit. Raison pour laquelle, on ne voulait pas trop communiquer, notre slogan c’est « faire parler les actes ».

Quelques temps après votre prise de fonction, vous avez fait les choux gras de la presse pour avoir revu à la hausse votre salaire qui selon le Pca de la boite Aziz Dieng, est passé de 1,5 million à 3 millions. Pouvez-vous revenir sur cette affaire ?

Ce sont des faits qui ont été relatés mais je puis vous dire qu’on a même trouvé une solution à l’amiable. C’étaient des chiffres qui étaient erronés, d’ailleurs c’est marrant car même le plancher dépassait même ce que je reçois. Je ne recevais même pas 1,5 million. C’était une incompréhension de la part du Pca (Aziz Dieng). On s’est réunis autour du ministre de la Culture avec beaucoup de bonnes volontés comme Cheikh Ngaido Bâ (cinéaste), Alioune Badara Bèye (écrivain), on a discuté, j’ai fait part de ma version des choses, il a compris que c’était une erreur de sa part. Une solution a été trouvée et maintenant on travaille professionnellement, les nuages sont derrière nous.

Lors de la passation de services avec Mme Siby, un ténor de la Musique sénégalaise, en l’occurrence Ouza Diallo a contesté votre nomination en démissionnant du Bsda. A l’en croire, votre profil ne convient pas pour diriger une structure comme le Bsda. Comment avez-vécu ces premières heures de votre magistère ?

Vous savez, Ouza, je le respecte. C’est un père, il est d’ailleurs un grand ami, donc quand je suis arrivé, j’en ai fait un conseiller. Il n’est pas le seul. J’en ai fait de même avec Thione Seck, Cheikh Lô, Khar Mbaye. Ce sont des personnes que je consulte constamment. Pour en revenir sur le différend avec Ouza Diallo, c’était une incompréhension de sa part étant donné qu’il croyait que je suis là pour défendre les intérêts de Youssou Ndour avec qui je travaille, que je suis de Fekké ma ci bolé, c’est de bonne guère…il ne me connaissait pas. Mais quand on a échangé, et qu’il a compris qui j’étais, il est revenu sur ses propos. Deuxièmement, je suis juriste, le Bsda est un milieu de droits, on parle de droits d’auteurs, j’enseigne le droit des Droits de l’Homme. J’enseigne le droit international public. Et le droit de la propriété intellectuelle n’est rien d’autre qu’un droit discuté au niveau de l’Ompi (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle) où je me rends souvent. Je suis là pour redresser une structure. Mme Siby a fait son travail, elle l’a emmené à un niveau, moi je ne suis pas là pour repousser la barre, je suis là pour la sauter et avec le personnel que j’ai, je pense qu’on arrivera à bon port.

Pour parler de vos activités politiques, nous aborderons en premier lieu vos rapports avec Youssou Ndour. Pouvez-vous nous dire comment s’est fait la connexion avec l’actuel ministre de la Culture et Patron de Feccé Ma ci bolé dont vous êtes membre ?

Elle existait avant parce qu’on avait des amis en commun, je parle de Me Diop (actuel administrateur du groupe CD-Médias, Ndlr) qui était le directeur général de Futurs médias. A travers lui, on a connu Youssou et l’ensemble du staff du Super Etoile. Avec mes sorties prouvant aux sénégalais, de manière très modeste, que constitutionnellement Abdoulaye Wade ne pouvait pas être candidat, avec ses perpétuels développements, Youssou Ndour est venu m’approcher dans ce sens-là. Comme quoi, on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Il m’a parlé de son programme et je suis en phase avec lui. Y avait une confiance absolue en nous deux, une convivialité et d’envie de partage dans le respect. Youssou Ndour, c’est quelqu’un de très intelligent, de très réceptif et ce que j’aime le plus chez lui, c’est ce coté non-suffisant. Il veut toujours aller au-delà, de vouloir connaitre, de montrer aux autres qu’il ne connait pas et qu’il veut connaitre alors que parfois il connait mieux que nous-mêmes. Depuis que je suis directeur général du Bsda, tous les deux jours, on se parle. Je passe souvent le voir, on oriente les choses et c’est vraiment l’amour et la paix.

Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que Youssou Ndour n’a pas le bagage nécessaire pour répondre à toutes les attentes du monde de la Culture et du Tourisme ?

Je regrette que les sénégalais soient un peu amnésiques. Ils auraient regardé une interview qu’Abdoulaye Wade avait accordée à une chaine de télévision parlant de Youssou Ndour. Le président Wade disait tout simplement « Youssou Ndour est en soi une plus-value lui seul et que deuxièmement, il valait mieux que ses ministres ». Il l’a dit et répété. Maintenant, ceux qui disent qu’il n’est pas à la hauteur des responsabilités qui lui ont été confiées, c’est leur point de vue, nous sommes en démocratie. Beaucoup de gens disent que Macky Sall n’est pas capable de redresser le pays. Ils l’avaient dit sous Abdou Diouf, sous Senghor…ils permettent aux gens d’aller au-delà de leurs compétences. Nous, nous ne jugerons que les actes et actuellement, je pense que le tourisme commence à avoir un nouveau souffle. On était à Beijing ou se tenait une rencontre des ministres du Sud (Asie Afrique et Pacifique) et les ministres faisaient la queue pour voir Youssou Ndour. Ça, c’est énorme ! Actuellement, toutes les institutions sont entrain de l’inviter…Allons maintenant vers l’acte concret, ce qu’il fait, les acteurs culturels ainsi que ceux du tourisme sont satisfaits de lui.

Mais à ce rythme, ne risque-t-il pas de faire de l’ombre à Macky Sall ?

Non ! C’est ça qui est un peu bizarre au Sénégal. Tu travailles peu, on dit que tu ne fais rien. Tu travailles bien, on dit que tu veux faire ombrage à l’autorité. Non ! Macky Sall a un domaine de compétences qui dépasse de très loin celui de Youssou Ndour qui ne gère qu’une section de l’activité gouvernementale. Seulement, il le fait bien et tant mieux pour Macky Sall parce que tout le résultat sera versé dans la besace de ce dernier. Donc, je trouve qu’on doit aller dans une logique d’apprécier les actes et d’éviter les jugements préalables. Youssou Ndour mène à bien la barque et les résultats sont plus que probants.

Fekke ma ci bolé n’était –il pas un tremplin pour atteindre des buts inavoués si l’on sait que vous vous êtes donnés corps et âme pour faire tomber le baobab Wade?

La première intervention que j’ai eu à donner lors du grand débat sur la constitutionnalité ou non de la candidature d’Abdoulaye Wade, je l’ai faite depuis la France. Je n’étais même pas dans une logique de rentrer, j’étais encore enseignant à l’Université de Toulouse, d’ailleurs j’ai toujours ma famille qui est là-bas, mes deux enfants dont l’un a 9 mois, je ne l’ai vu que 10 jours. Pour vous dire qu’à un moment donné, c’était un choix. Je suis venu au Sénégal pour participer au développement de l’Université sénégalaise, j’étais recruté à l’Université de Thiès et jusqu'à présent mon pied est là-bas parce qu’un de mes anciens dont je vais taire le nom qui a été ministre n fois m’a dit « ne fais pas l’erreur que nous avons commise : ne quitte pas l’Université, ca serait une perte ». Donc je donne mes cours car c’est une des conditions que j’avais posées pour accepter ce poste (Directeur du Bsda). Ce n’est pas un tremplin, je suis universitaire. J’aimerais bien retourner à l’Université, faire ma carrière, être agrégé Professeur titulaire, c’est ca mon but parce que Dg, ce n’est pas eternel, c’est passager. Maintenant pour répondre à votre question, c’est le Sénégal qui a besoin de moi, je n’ai rien demandé à Macky Sall encore moins à Youssou Ndour. Ils m’ont confié ce poste parce qu’ils pensent que je suis capable de tenir les rênes du Bsda. Et il s’est avéré qu’en 2006, j’ai écrit un article sur les reformes institutionnelles du Bsda. Et puis tremplin pour aller où ? Je ne sais pas.

Mais force est de constater qu’à l’ occasion du bras de fer autour de la recevabilité ou non de la candidature de Wade, vous avez été au devant de la scène. Tout cet effort consenti pour expliquer au monde que Wade ne doit pas être candidat ne devait-il pas être rétribué ?

Je ne le faisais pas pour recevoir quelque chose en retour. Sinon je serais dans un parti politique. Je suis dans un mouvement citoyen (Fekké ma ci bolé) qui œuvre pour l’autre. On ne se sert pas, on sert…

Mais vous allez passer d’un mouvement citoyen à un parti politique, c’est votre coordonateur Alioune Ndiaye qui l’a révélé.

Ça, c’est autre chose parce qu’on a assaini la vie politique. On n’est plus dans cette logique. Actuellement je lis un bel ouvrage de Pierre Rosanvallon qui est intitulé « La Contre-démocratie » ; on va maintenant vers une logique de la démocratie citoyenne avec un citoyen-vigie. En effet, le politique n’est plus libre, il est lié par sa parole, il faut qu’il sache qu’il a un vigie qui est le citoyen qui d’après Rosanvallon, « l’apprécie, le note et le sanctionne ». Le Sénégal vit la démocratie citoyenne, une citoyenneté démocratique. C’est pourquoi un mouvement citoyen se transformant en un parti politique, n’y a rien de plus normal en l’état actuel. N’oublions pas que dans la théorie du droit, Montesquieu, Rousseau...et les grands penseurs de la politique africaine ne mettaient jamais en avant le parti politique. Dans la sphère politique, l’acteur principal, c’était le citoyen.

S’agissant de la transformation du mouvement citoyen en un parti politique, c’est une sorte de mue comme le ferait un serpent pour changer de peau mais le manteau reste le même, le crédo reste le même (le Disso), l’envie de servir le citoyen, mais en ayant une sorte de maillage beaucoup plus intéressant pour se transformer en parti politique, ce n’est pas gênant. L’important c’est que tous ceux qui craignaient la politique, peuvent en faire parce qu’elle est assainie. On n’est plus dans le jeu du truchement, dans le jeu de la tricherie, du jonglage ou de la masturbation politique. Cette prostitution politique est terminée !

Maintenant nous nous intéressons au constitutionnaliste que vous êtes. Quelle serait votre réaction si le président de la République dont vous soutenez l’action venait à être tenté par le maintien du mandat de 7 ans pour lequel il a été élu même s’il a promis de le réduire en 5 ans ? On se souvient encore de tout ce que vous avez dit sur le parjure quand Wade s’est dédit…

Raison pour laquelle cette condition ne sera pas réalisée. Il l’a dit, il va le faire. C’est un homme de parole, tout ce qu’il a dit, il l’a fait.

Mais que serait votre réaction s’il ne le fait pas ?

Non, il ne le fera pas. Donc ma réaction n’a pas lieu d’être. Je sais qu’on va vers une révision du mandat et les 7 ans seront à 5 ans. Il fera 5 ans et la présidentielle aura lieu en 2017. Il va de soi ! Les cadres de Benno Bokk Yaakaar, au sens large, sont entrain de réfléchir sur les modalités de révision de la Constitution en passant soit par le referendum législatif, ou le referendum populaire et son premier mandat sera de cinq ans. Je le confirme ! Même si la loi Constitutionnelle lui permet de faire 7 ans, il l’a promis et lorsqu’un président s’exprime, ce n’est pas une personne lambda…Je l’avais dit une fois par rapport au délit de parjure. Le jour où le Sénégal a battu la France, Abdoulaye Wade a fait le tour de Dakar en déclarant férié l’après-midi. Il ne l’a pas écrit, il l’a dit et personne n’est allé au travail. Cela prouve que sa parole a une valeur juridique. Donc, Macky Sall en le disant à l’époque, il était tout simplement candidat, sa parole n’avait aucune portée juridique mais on va vers l’honneur, vers l’étique…

Mais certains de ses collaborateurs sont comme tentés par l’envie de faire 7 ans. Nous pouvons nommer le ministre des Affaires étrangères Alioune Badara Cissé.

Me Alioune Badara Cissé n’a pas dit ça. Il a dit que la loi ne l’interdit pas de faire 7 ans, ce qui est vrai. Si on reste sur le terrain juridique, il peut faire 7 ans, mais il n’a pas le droit.


Lundi 29 Octobre 2012 - 06:37





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