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Entretien avec Mouhamed Faouzou DEME, Consultant Expert en tourisme


Entretien avec Mouhamed Faouzou DEME, Consultant Expert en tourisme
Il faut développer le tourisme électronique pour vendre la destination Sénégal » Dans le domaine du tourisme, Mouhamed Faouzou Dème n'est plus à présenter pour qui s'intéresse à ce secteur clé de l'économie sénégalaise. L'homme, capitalise 25 ans d'expérience dans le tourisme. C'est donc un monde qu'il connaît comme bien. Le tourisme, il l'enseigne à l'Institut privé de formation Estel et au département tourisme de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis. Mouhamed Faouzou Dème est sans doute l'un des acteurs les plus productifs sur le tourisme sénégalais par ses nombreuses et pertinentes contributions dans la presse sénégalaise. C'est donc fidèle à cette vocation qu'il s'est gentiment prêté aux questions de SenegalVision.Com. De long en large, il a diagnostiqué le secteur avant de faire des propositions pour redorer le blason du tourisme sénégalais qui jadis était l'un des plus en vue sur le continent. Et d'après lui, il ne faut pas aller chercher loin, pour se développer, la destination Sénégal doit se servir de toutes les opportunités que lui offrent les technologies de l'information et de la communication (TIC). Suivons son raisonnement...
SenegalVision.Com : Monsieur Dème en tant qu'acteur de premier plan du secteur, quel regard jetez-vous en général sur le secteur touristique sénégalais ?
Mouhamed Faouzou Dème : A mon avis et sur la base des études et des recherches que j'ai effectué et réactualisé dans mon ouvrage intitulé périple et péripéties du tourisme sénégalais, j'ai noté une très grande incompréhension de la dimension technique et scientifique du secteur du tourisme par les acteurs qui s'enferment dans des logiques marketing et des politiques de commercialisation basées sur de l'approximative et le flaire. Or, le tourisme est une science basée sur des études beaucoup plus complexes et sérieuses qui font appel à des statistiques, à la prospective, et à la connaissance de deux paramètres importants que sont : Le comportement du marché émetteur, et la maîtrise de son produit touristique. Cela implique une gestion harmonieuse de l'aménagement des espaces touristiques en phase avec le respect de l'environnement.
Notre tourisme n'est pas malade, il est mal appréhendé avec un pilotage à vue depuis le sommet. Et il faut dire aussi que depuis plusieurs décennies, le tourisme fait l'objet d'un grand nombre d'études, d'ouvrages, d'articles, de thèses, de rapports, de contributions réalisés dans le monde pour servir les institutions du tourisme, les corporations professionnelles et les étudiants, sans compter les colloques, les congrès, les journées d'études, les séminaires en tous genres dans les quatre coins du monde pour rendre plus accessible et plus compréhensible le secteur du tourisme. Mais hélas nos acteurs, universitaires, et institutionnels, dans des champs disciplinaires variés du tourisme de notre sous-région ouest africaine, ne s'intéressent pas à la science et à la politique du tourisme. Ce mutisme a produit un cloisonnement dont certains pays africains sont moins conscients que d'autres. Et pour autant ils sont tous concernés par le tourisme qui est extraordinairement riche de données économiques, culturelles et sociales.
Mais la complexité du tourisme et sa transversalité rendent indispensable l'appel à des sciences multiples, à la multidisciplinarité, à la conjonction coordonnée de ces différents secteurs et sous-secteurs qui forment sa grande famille sous le vocable de « l'industrie touristique ». Et donc il est important pour traiter et parler du tourisme, de s'entourer de spécialistes et de techniciens suffisamment outillés et expérimentés pour s'accorder autour d'une définition et d'une politique qui engloberaient toutes les préoccupations et préalables qui consistent à prendre en compte toutes les préoccupations environnementales, économiques, culturelles, sociales et linguistiques de la demande touristique. Au regard de tout ce qui précède nous avons un chantier énorme sur lequel travailler en mettant la bonne personne à la place qu'il faut, en mettant les moyens nécessaires et adéquats, et en assurant une gestion vertueuse, transparente et participative. Je suis optimiste quant à l'avenir de notre tourisme car je crois en la capacité des acteurs et des jeunes qui devront assurer la relève. Seulement il faut des changements et des ruptures surtout de la part des organisations professionnelles et patronales qui ont besoin de restructuration et de sang neuf pour une plus forte structuration de leurs démembrements tant au niveau organisationnel, fonctionnement et mise à niveau pour les formations
Les fréquents changements de ministres à la tête du département tourisme n'ont-ils pas conséquences négatives sur le tourisme sénégalais ?
Je vais très certainement vous surprendre. En ce qui me concerne, je crois fortement en premier lieu à la continuité de l'Etat. Je crois également à une vision globale et prospective sur la politique du secteur du tourisme, définit de concert avec le secteur privé et les partenaires au développement sur la base d'un programme stratégique décennal et d'un plan d'action dont la réalisation est fixé dans un chronogramme compatible avec les besoins et les urgences du moment.
Alors je dirai que non, les remaniements ne devraient pas impacter négativement sur le tourisme puisqu'à mon avis, le tourisme est un secteur normé, structuré, organisé qui n'a pas besoin de réinventer des méthodes et des politiques. Il faut juste être attentif et innovant pour le maintenir dans sa trajectoire. Je pense également que nous avons tous péché, lorsque nous mettons des ministres qui ne sont pas à leur place et lorsque le secteur privé n'exige pas des ministres que soit respecté la continuité des programmes et des actions. Il y a aussi que dans leurs cabinets, les ministres ne s'entourent pas des meilleurs conseillers techniques en la matière. Il faut des textes réglementaires quant à l'application et le maintien des personnes ressources dont les compétences et l'expérience sont avérées au sein des cabinets. Je pense que c'est moins le ministre, à mon avis, qui reste dans tous les cas le capitaine de l'équipe, qu'une équipe disciplinée, formée techniquement, loyale et patriote qui travaille ensemble pour servir le secteur du tourisme et le Sénégal. Lorsqu'un ministre s'en va les conseillers techniques doivent rester et continuer le travail déjà commencé pour aider le nouveau à mieux comprendre et à prendre le train en marche. La machine ne doit en aucun cas s'arrêter. Malheureusement on a l'habitude de toujours recommencer à zéro avec les mêmes approches et les vielles méthodes qui ont montré leurs limites.
Mais permettez-moi à travers cette question de glisser sur une autre qui selon moi est plus importante, c'est celle des différents secteurs qui sont couplés au ministère du tourisme. Nous avons assisté au couplage de ce ministère à la culture, aux loisirs, aux transports aériens, aux sénégalais de l'extérieur, à l'artisanat, au secteur privé et informel, etc. bref à plusieurs secteurs d'activités complémentaires au tourisme sans vraiment étudier le meilleur choix dans ce couplage.
Et je voudrais dire que le tourisme sans les transports aériens, ni les infrastructures aéroportuaires, les prestataires et les institutions spécialisées est un blocage à retardement dans l'atteinte des objectifs d'un développement rationnel de notre tourisme. Dés lors il faudrait pour la réussite du tourisme, l'avenir et la survie également de notre transport aérien que les deux secteurs restent liés à la coopération et aux partenariats dans tous les domaines qu'ils soient : techniques, commerciaux, financiers, administratifs ou stratégiques et à un environnement législatif et réglementaire ouvert et sécurisé. Nous nous réjouissons de cette volonté politique qui réunit dans un même département ministériel tous ces secteurs. C'est la résultante d'une vision prospective et conceptuelle du tourisme et du transport aérien de demain. Je voudrais saluer cette vision et dire combien ce choix est pertinent au regard de l'histoire et de la réalité économique. C'est une option politique courageuse est certes complexe dans ses dimensions, mais porteuse d'espoir car, l'effet multiplicateur est considérable. On estime que chaque fois que le transport aérien produit 100 dollars de recettes, cela se traduit par une demande supplémentaire de 325 dollars, et que la création de 100 emplois par le transport aérien entraîne une demande supplémentaire moyenne de plus de 600 emplois dans d'autres secteurs et nous pouvons soutenir que c'est le tourisme qui sert de catalyseur au transport aérien plutôt que l'inverse, où l'on retiendra toujours que le transport aérien et le tourisme sont interdépendants. Maintenant en dépit de cette interdépendance et de l'effet multiplicateur important qu'ils ont tous les deux, il y a dans de nombreux pays des politiques sectorielles séparées pour le transport aérien et pour le tourisme. Cela produit une fracture fondamentale, souvent accompagnée d'incompatibilités, et c'est une occasion ratée de tirer le maximum du potentiel de l'un comme de l'autre au profit de l'économie et de la société.
Le tourisme comme secteur d'activité économique dans son ensemble qu'il soit dominé par un potentiel national et régional, sous régional, ou inter communautaire et international, n'a pu se développer grâce aux transports aériens d'abord puis maritimes et ferroviaires. Dans un contexte de globalisation, mondialisation, la politique de transport aérien ne peut s'effectuer en solitaire, il est important de la placer dans un environnement communautaire ou d'espace régional. Il faut un choix et c'est pourquoi je propose une réflexion sérieuse vers une politique du transport aérien africain en général et du Sénégal en particulier. Le concept de ciel ouvert a indéniablement permis d'ouvrir les marchés, de générer un surcroît de trafic pour l'aviation et un surcroît de demande touristique pour les destinations. Ce qui n'enfreint en aucun cas les libertés fondamentales qui régissent les droits de vols et de survols, mais également le cabotage et ses restrictions. Si l'Afrique reste le parent pauvre de la liberté de circulation des personnes et des biens c'est qu'elle n'a pas mesuré l'impact négatif de ce retard dans notre développement économique et social. Le Sénégal reste encore enfermé dans un recyclage éternel de mauvaises gouvernances et de manque d'audaces pour sa politique de transports aériens et de développement d'aéroports régionaux pour son tourisme. D'ailleurs pour privilégier le développement du tourisme du continent Africain et de notre économie, les questions ci-dessous s'imposent à nos dirigeants :
Quel avenir pour les compagnies aériennes africaines sur le continent et dans le monde ?
Comment gèrent-ils la question de la sécurité du transport aérien en Afrique ?
Que font-ils pour diminuer les tarifs excessifs du transport aérien en Afrique ?
Que faire pour adapter en priorité le transport aérien au marché local de nos pays respectifs ?
Il faudrait cependant que le l'Etat du Sénégal dépolitise tous les projets économiques pour les placer dans une véritable optique de développement et d'intégration. Une meilleure vision du développement durable du transport aérien en Afrique serait une chance avec l'amélioration de la santé financière des compagnies aériennes locales, mais aussi de faire jouer une certaine complémentarité sur nos réseaux d'exploitation. L'aviation et le tourisme, ne relèveront jamais ces défis tout seuls, chacun de son côté. Pour les surmonter, il est nécessaire de resserrer la coopération et d'agir collectivement en dépassant les « compartiments » fonctionnels du tourisme et du transport aérien. Cela passe, au niveau national, par des orientations appropriées émanant des pouvoirs publics. Je ne saurais terminer sans parler du rôle important des aéroports. Le rôle des aéroports dans le développement du tourisme et ses défis actuels pour les réseaux et les plateformes régionales de correspondance sont cruciaux, et les pays continuent d'investir dans les infrastructures de transport aérien afin de suivre l'essor du trafic. C'est dans ce sens que Diass prend toute son utilité, mais face à quelle réalité et pour quels voyageurs ? Les aéroports sont en train de diversifier et de changer leurs modèles de gestion. Le concept actuellement en vogue est celui de « villes aéroports ». Ces villes aéroports offrent non seulement de nouvelles sources de recettes pour l'exploitant d'aéroport mais positionnent aussi l'aéroport en tant que destination touristique à part entière, en servant éventuellement de vitrine au patrimoine de la région et du pays et nos zones touristiques ont besoin de ce développement local qui favorise une kyrielle d'avantages non négligeables.
Quelle place occupe aujourd'hui le Sénégal au sein de l'organisation mondiale du tourisme (OMT) ?
C'est une question difficile dans la mesure où il n'y a pas de classement au sein de l'OMT, les pays ne sont pas en concurrence dans l'OMT qui est une institution spécialisé des Nations Unies. L'Organisation Mondiale du Tourisme est la principale organisation internationale dans le domaine des voyages et du tourisme, qui sert de tribune mondiale pour les questions de politique touristique et qui est une source pratique de connaissances spécialisées. Elle compte 139 pays et territoires et plus de 350 membres affiliés représentant des administrations locales, des associations touristiques et des entreprises du secteur privé, notamment des compagnies aériennes, des groupes hôteliers et des voyagistes. Cependant nous avons notre compatriote Ousmane Ndiaye qui est le Directeur du Département Afrique au sein de cet organisme, ce qui fait également notre fierté en tant que Sénégalais. Je peux aussi ajouter ceci et cela n'engage que moi. Le Sénégal est très influent et très écouté à cause de son niveau de développement touristique dans la région ouest africaine. Il ya également sa position géostratégique, sa diplomatie politique et économique, et son leadership touristique dans l'espace qu'il partage au sein de l'UEMOA. Autant de facteurs qui font que nous pouvons apporter notre contribution et bénéficier du soutien et de l'aide pour mieux structurer notre tourisme, puisque cet organisme intergouvernemental auquel les Nations Unies ont confié la promotion et le développement du tourisme vise à stimuler la croissance économique des pays membres et la création d'emplois, à encourager la protection de l'environnement et du patrimoine des destinations et à favoriser la paix et l'entente entre toutes les nations du monde. Le Sénégal à sa place à l'OMT et y tient une très bonne position.
A votre avis, quelles sont les mesures d'urgence à prendre pour repositionner le tourisme comme l'un des principaux piliers de l'économie sénégalaise ?
Je l'ai dit au début, sans statistiques fiables, sans études de marchés, sans aménagements corrects, sans une adéquation entre formation et besoins spécifiques de nos entreprises touristiques y compris la formation continue du personnel, il serait utopique de parler de positionnement. Je vais vous dire une chose, j'aurais pu aborder cette question par une analyse de la démarche qualité au sens intrinsèque depuis le processus (élaboration) en passant par la mise en forme jusqu'à la phase finale de la consommation en tenant compte de l'objectif global du management de la qualité, mais il serait absurde de parler de qualité si les préalables ne sont pas examinés. Et puis dites-moi qui ne voyage pas de nos jours ? Ceux qui ne voyagent pas deviennent presque l'exception, et plus que jamais, la qualité devient la seule réponse à la satisfaction générale de toute la chaîne de valeur du tourisme. Ainsi la compétitivité du tourisme sénégalais au regard de cette logique ne cesse de dégringoler. Heureusement avec l'arrivée du Ministre Oumar Guèye un grand espoir est né, accompagné d'une véritable volonté à relever enfin tous les défis et problèmes structurels et conjoncturels qui empêchent le tourisme de prendre son envol.
Sous un autre registre il est important que l'avenir du tourisme soit poser sous forme de débats au niveau de tous les acteurs principalement les universitaires qui devront tout de même tenter l'expérience, dans le cadre de leurs activités académiques pour créer un espace de débats, d'échanges et de partage. Se projeter, anticiper et analyser ce que sera la situation du secteur touristique du Sénégal dans les années à venir, nos universitaires et économistes doivent s'impliquer davantage à travers des conférences, des débats. Il est tout aussi important en premier de réfléchir sur les thèmes de statistiques (la répétition est pédagogique et on ne le dira jamais assez, les statistiques sont au tourisme, ce qu'est un moteur dans un véhicule). L'autre thème pourrait porter sur le positionnement de notre tourisme sur la base de l'hôtellerie nationale, régionale et internationale. Selon une première approche, cette rencontre pourrait être initiée par le Forum des Managers, elle vise à appréhender les enjeux actuels et ceux à venir. L'idée serait de se focaliser plus sur les impacts négatifs de l'évolution du secteur, de ces enjeux au niveau national et à anticiper la réaction aux éventuels événements internationaux pouvant impacter sur le tourisme national, sous plusieurs angles.
Pour enrichir les débats autour de cette thématique, des professionnels, universitaires, chercheurs sénégalais et africains pourraient être conviés à ces rencontres/conférences pour se mettre d'accord dans un ordre d'importance sur les mesures d'urgences et leurs priorités. J'ai également dans mes réflexions élaboré un pacte de confiance décliné en dix points qui peuvent être considérés comme des priorités, il s'agit de regrouper l'essentiel de certains éléments stratégiques et techniques que nous pensons être une des conditions essentielles, des priorités du secteur dans un document exprimé sous forme de pacte de confiance autour de dix commandements qui constituent en même temps l'un des axes d'orientations, de programmes d'exécution, correspondant à cette vision : D'un tourisme d'agrégation, intégrateur de nos valeurs économiques, culturelles et sociales, rentable et profitable au Sénégal en priorité
Ce pacte sera constitué de décrets, de lois, de conventions et de mesures fortes et formelles à signer et à mettre en œuvre selon un chronogramme bien défini, articulé autour du triptyque engagement, exécutions de tâches, et obligation de résultats
Il s'agit de :
  1. L'élaboration avec le secteur privé d'un baromètre pour les statistiques, d'une nouvelle règlementation basée sur l'assainissement du secteur immédiatement et dans un très court terme
  2. L'élaboration avec le secteur privé d'un plan de formation et de carrières professionnelles en relation avec les universités, les centres de formations pour élever la qualité des prestations et diversifier les compétences aux normes et standards internationaux dans un court et moyen terme
  3. L'élaboration avec le secteur privé d'une stratégie de financement du secteur sur dix, quinze ans dans le moyen et long termes, ainsi que l'aménagement et l'octroi des baux à des conditions favorables et non l'octroi de titres fonciers qui deviendraient la propriété « d'étrangers ou d'une famille fut elle sénégalaise », alors que les zones touristiques ne sont pas élastiques a souhait.
  4. L'élaboration avec le secteur privé d'une stratégie de promotion, de positionnement, et de vente de la destination dans un court, moyen et long termes
  5. L'élaboration avec le secteur privé d'un contenu avec des termes de références pour améliorer, adapter et labéliser le produit touristique dans un court, moyen et long termes
  6. L'élaboration avec le secteur privé d'un cadre permanent et formel d'échanges, de dialogue, de partages d'informations, de statistiques et de données économiques sur la politique nationale et internationale du tourisme dans un très court terme
  7. L'élaboration d'une convention de stages et de recrutements des diplômés sénégalais, signée entre le secteur privé, les établissements de formation et universités du Sénégal et l'Etat du Sénégal pour absorber le taux de chômage des diplômés du secteur dans un court et moyen terme
  8. L'élaboration d'une convention signée entre les privés et l'Etat du Sénégal aux tarifs des tours opérateurs et au profit des travailleurs sénégalais pour les périodes de juin, juillet et août pour favoriser et développer le tourisme national dans un très court terme
  9. L'élaboration d'une convention entre le secteur privé et l'Etat du Sénégal, pour une meilleure prise en charge par l'entreprise des conditions de travail, de fin de carrières et de participation du personnel au capital de l'entreprise dans un très court terme
  10. L'élaboration d'un pacte de bonne gouvernance et de performance, de mise à jour des taxes, impôts et redevances, entre l'Etat et le secteur privé, qui peut se solder par des bonus et des exonérations en cas d'investissements nouveaux, de réhabilitation, de recrutements, de formations ou de déficit justifié par un contexte jugé catastrophique dans un très court terme.
En définitive, les sénégalais mesurent-ils réellement les enjeux liés à ce secteur ?
Je pense qu'il y a trop d'amalgame et beaucoup de voix qui s'expriment sans vraiment connaître le tourisme. La plupart font la confusion puisque tout est mis dans ce contenant qui s'appel « développement local » c'est également tous les concepts de tourisme durable, d'écotourisme, de tourisme responsable, etc. La domination d'autres disciplines que celle du tourisme, en matière de production de connaissances, met en évidence une faiblesse importante, à savoir : l'absence d'une maîtrise de la filière tourisme avec un profil adapté à notre environnement. Il est cependant certain que : tant que le tourisme reste flou, incompris, il ne lui sera pas possible de se développer dans notre pays. Alors qu'il existe dans le champ du tourisme une interdépendance sans précédent dans l'histoire des activités économiques du monde, que nous n'avons pas maîtrisé pour le moins que l'on puisse dire.
Le tourisme reste avant tout, un atout de diversification économique et de réduction de la pauvreté et pour plus de personnes, le voyage fait désormais partie des besoins de base. Il faut également dire qu'il fut un temps où notre tourisme a représenté près de 3% du PIB et les recettes en devises se situaient à pas moins de 500 millions de dollars. A peine croyable pour un pays qui dispose d'atouts de rêve dans ce domaine. Nous experts qui analysons le potentiel de notre pays, nous restons étonnés par les énormes atouts en jachère dont nous disposons et nous sommes en train de dilapider des pans entiers de bons nombres de ces ressources. Des richesses archéologiques d'une valeur inestimable dans le tourisme religieux demeurent peu protégées, des sites merveilleux laissés sans aménagements, sans infrastructures d'accès et j'en passe...D'ailleurs nous pointons souvent du doigt les défaillances de l'Etat et l'ingérence d'expatriés souvent à la solde de ceux qui les protègent, mais nous sommes tous responsables en grande partie de ces détériorations dont la plupart sont causées par l'indifférence des nationaux et le manque de volonté.
Le secteur du tourisme est en train de prouver ce que les économistes spécialisés savent depuis longtemps : L'activité touristique résiste bien aux crises économiques mondiales, malgré le ralentissement de la croissance mondiale, le taux de croissance des activités de ce secteur a été plus élevé que la moyenne des autres. Et les prévisions des institutions spécialisées montrent également que sur le long terme, ce secteur recèle d'énormes gisements de croissance. Donc nous avons tort nous sénégalais de ne pas mesurer les enjeux réels du secteur du tourisme pour en faire un levier important qui accélère la croissance de notre pays. Mais il n'est pas trop tard il suffit de sensibiliser les populations et d'impliquer les collectivités locales et être plus audacieuses en faisant du tourisme une compétence transférée. D'ailleurs dans le programme de yoonu yookuté (wolof, chemin de l'émergence. C'est le programme de gouvernance du Président Macky Sall) l'acte trois de la décentralisation prévoit des pôles d'aménagement pour le développement intégré du tourisme qui peut créer et de la richesse par effet d'entrainement, et la réduction de l'exode rurale, de la plus-value pour la région et la création de milliers d'emplois.
La saison touristique 2013-2014 a été lancée par le Président Macky Sall en personne, quels avantages ce geste peut-il apporter au secteur ?
Après le lancement de la saison par le chef de l'Etat, nous avons senti un engagement personnel dans sa déclaration, ensuite, il y a une volonté de faire du tourisme le fer de relance de notre économie après l'agriculture. Cela se lit aisément dans son discours où, il dit : « j'engage le gouvernement à mettre en place, avec l'ensemble des acteurs, un plan d'urgence de relance du secteur, un plan capable de promouvoir le rôle primordial du tourisme comme levier de développement durable, profitable aux populations et créateur d'emplois ». Ceci est révélateur d'une volonté et d'une grande disponibilité à faire rayonner notre tourisme. A partir de là des perspectives peuvent se dégager et elles sont en voie. Maintenant il revient au Ministre et aux acteurs de traduire en acte la volonté du chef de l'Etat, qui au-delà, est une vision globale du schéma qui doit conduire notre tourisme sur la voie de la prospérité et du développement. En tant qu'expert je peux dire que les perspectives sont nombreuses et qu'il faut un plan stratégique et une certaine méthodologie dans sa mise en œuvre pour escompter de bons résultats. Vous savez, dans la vie, à travers tous les obstacles même les plus difficiles, il y a le vœu ardent, qui est de réaliser notre rêve et je pense que le chef de l'Etat a un rêve et une ambition pour le tourisme qui font croire qu'avec l'effort de tous, nous parviendrons à changer le visage économique du Sénégal par le tourisme.
Et dans tout cela, quels rôles le secteur privé et les organisations professionnelles jouent-ils dans le développement du tourisme ?
Vous savez le secteur privé est le moteur du tourisme dans sa phase opérationnelle et même du point de vue conception, études, etc. Le tourisme existe quelque part parce qu'il y a des acteurs et un secteur privé fort. De ce point de vue ils ont un important rôle à jouer. C'est pour cela qu'il existe un partenariat, secteur privé/secteur public fort, un partenariat basé sur une gestion participative de tous les segments du privé qui interviennent dans le tourisme. Maintenant c'est une question de représentativité, de sélection, d'objectif, et de sérieux qui se pose dans la sélection des organisations et également dans le mode de gestion et de fonctionnement de ces organisations. C'est une question très sensible mais oh combien importante puisqu'elle permet de poser le débat et de revenir sur le mode de fonctionnement et de désignation des représentant ou des « patrons » puisqu'en réalité ce n'est qu'un patron virtuel car chacun est patron dans son entreprise ou les enjeux, les problèmes et les ambitions ne sont pas souvent les même partout. Vous me permettrez de regretter simplement un fait constant qui est déplorable car à ma connaissance les grandes organisations que sont le SAVT (Syndicats des Agences de voyages et du Tourisme) et le SPIH (Syndicat Patronal de l'Industrie Hôtelière du Sénégal) ne disposent ni de siège, ni de bibliothèque, ni de salle de conférence, ni de salle multimédia, ni d'archives. Où se trouve la mémoire du tourisme ? D'ailleurs mes étudiants de l'UGB me demandent souvent s'il était possible de trouver un stage au niveau de ces organisations patronales pour croiser des expériences et des problématiques. Mais malheureusement non je rappelle en réalité ces organisations n'ont qu'une permanence, un petit bureau ou un box sans aucune administration, leur structuration est disparate, aucune logistique, etc. Pire elles reçoivent une subvention de l'Etat par le fonds de promotion touristique et je trouve cela scandaleux puisqu'aucune de leurs actions, ou missions ne sont d'utilité publique. Bref c'est un gros problème auquel il faut s'attaquer et c'est l'un des maux les plus graves du secteur.
Quelles perspectives envisagez-vous pour l'émergence du tourisme sénégalais ?
Mobilisons-nous d'abord et créons ensuite les instruments d'études, de calcul et de veille sur la promotion. Définissons des stratégies de lecture et d'appréciation adaptées aux programmes d'activités touristiques et d'autres réalisations en fonction des orientations du gouvernement avec une intelligence de partage de l'information visant au rapprochement des opérateurs touristiques et des populations des zones qui favoriseraient des incitations aux voyages organisés dans toutes les zones touristiques du pays. Maintenant du point de vue perspective, il faut savoir que le tourisme est une activité culturelle de premier ordre et le désir de s'asseoir sur une plage, sous le soleil, ou faire une ballade dans les cités anciennes est une création culturelle de l'Occident il y a moins d'un siècle. Cependant, il est indispensable de savoir que face aux spécificités des produits touristiques, les consommateurs recherchent le plus souvent des facteurs exogènes pour influencer leur décision de voyages. Il faut comprendre qu'il existe un potentiel énorme à développer pour le tourisme national qui doit passer par les agences de voyages, qui sont tenues de comprendre aujourd'hui l'importance qui doit être accordée à l'homme « touriste » en tant qu'individu, et tout le tissu économique du tourisme est basé sur cette perception. L'orientation du marché va donc inexorablement vers une personnalisation de l'offre, ce qui nous amène au développement d'outils marketing identitaire. En plus, l'offre étant réduite à cause d'un pouvoir d'achat quasi faible, les agences de voyages doivent s'appuyer de plus en plus sur les ressources dont dispose chaque zone ou territoire touristique pour se différencier d'où la politique de marketing des destinations qui font qu'à l'interne nous puissions développer des produits et des programmes nationaux adaptés au tourisme local et au sénégalais a revenu moyen. Dans ce registre j'ai beaucoup d'idées et de projets prêts à être partagé avec les acteurs qui se manifestent pour le plus grand bonheur du yoonu yookuté. De ce point de vue les perspectives sont nombreuses, mais la priorité des priorités reste la politique des TIC comme instrument clef de notre réussite, car il s'agit d'une technologie de rupture pour le monde du voyage et du tourisme. Jamais l'information n'a été aussi démocratique, aussi partagée et aussi déterminante dans le secteur du tourisme. Ne dit-on pas que le tourisme est un produit de l'information ?
En effet comme les clients-touristes ne sont en mesure, ni de voir, ni de toucher, ni d'expérimenter les composantes de leurs vacances, ou de leurs séjours, ils ont besoin d'informations fiables et concrètes sur les produits et services et des destinations, d'où la pertinence de l'utilisation de l'e-tourisme. Développer l'e-tourisme pour maximiser la vente de la destination Sénégal et promouvoir nos produits touristiques en même temps que les destinations des zones et pôles touristiques est la seule alternative possible pour notre tourisme d'aujourd'hui et de demain. Pour ce faire, il est impératif de comprendre les bénéfices des TIC, pour les destinations touristiques qui sont nécessaires. Il faut savoir choisir les modèles de gestion les plus pertinents et les applications TIC les plus appropriées. Il faut pouvoir les mettre en œuvres, ceci en renforçant la connaissance locale des acteurs locaux. Cela qui repose en pratique sur la promotion, le positionnement et la commercialisation de la destination sur le Web. Et obligatoirement, développer une vision du partenariat public-privé et savoir les exploiter et les gérer. Si on observe la démarche scientifique et organisationnelle, depuis l'apparition récente de l'e-tourisme, on voit que le tourisme en ligne a profondément modifié la structure de l'offre et de la demande, et bouleversé le secteur du tourisme dans son fonctionnement. Cette nouvelle perspective de l'e-tourisme doit rentrer dans nos engagements et nos perspectives d'avenir, ce qui revient à reconnaître qu'un management nouveau est né avec des exigences nouvelles et nous devons accepter de nous y soumettre. Ces nouveaux outils, exigent de nouveaux comportements, et une remise en question des pratiques. Et là, nous sommes obligés de nous mettre à niveau et à jour, par une formation adéquate à l'utilisation de nouveaux langages et de codes pour réussir la mutation irréversible du secteur du tourisme et des voyages, ou le Sénégal ne peut faire l'exception.
Valoriser le secteur du tourisme national, éviter l'évasion des recettes touristiques et rendre plus autonome la gestion de la destination en s'appuyant sur les entreprises touristiques nationales tel est l'objectif du tourisme électronique.
Vous avez été récemment porté à la tête de l'Observatoire National pour le Développement du Tourisme au Sénégal, de quoi s'agit-il ? Et comment comptez-vous assumer cette nouvelle mission ?
Je commencerai par le dire que je suis fier de cette prise de conscience ? Il était temps que les acteurs comprennent que dans le champ du tourisme les universitaires, les experts et autres intellectuels ont leur mot à dire surtout lorsque ces derniers sont des diplômés du secteur du tourisme. Je n'aime pas parler de moi mais je pense que je fais partie de ceux qui font le tourisme au Sénégal avec 25 ans d'expériences, de hautes études, etc. j'ai droit à la parole et un devoir dans l'action. C'est pourquoi des professionnels, des jeunes talents diplômés de France et d'ailleurs et des acteurs chevronnés se sont réunis pour réfléchir sur le devenir de notre secteur et ont pensé qu'il était temps de mettre sur pied un observatoire pour comme son nom l'indique : observer, traiter, apprécier, étudier, partager et proposer entre autres des solutions au gouvernement et aux acteurs. Nous avons tenu une conférence de presse après s'être réunis où une déclaration dite « Déclaration de Saly » a été adoptée. Nous avons rendu des visites de courtoisie et d'échanges à plusieurs acteurs clés pour les informer de notre projet. Et nous allons continuer à informer et à sensibiliser les acteurs pour une meilleure adhésion afin de former une « task force » capable de donner des orientations et des solutions. Avec l'observatoire nous voulons changer le visage et le contenu de notre tourisme par une démarche scientifique et technique par des approches marketing et de gestion participative, managériale par excellence.
Et je peux vous dire que cette organisation suscite déjà beaucoup d'intérêt. Par exemple, nous avons été contactés par un observatoire étranger du même genre qui souhaite nouer un partenariat avec l'ONDTS. Ils demandent de les rejoindre dans un réseau international beaucoup plus important ou toutes les questions liées au tourisme trouvent des solutions. Je pense que c'est cela qui manquait jusque-là à notre tourisme ? Nous avons un bureau provisoire et allons préparer l'assemblée générale pour bientôt pour mettre en place un bureau définitif avec des organes opérationnels pour accompagner l'Etat du Sénégal dans sa politique touristique.
La presse avait fait état de la parution prochaine d'un livre que vous avez écrit sur le tourisme, où en êtes-vous et pourquoi un livre sur le tourisme ?
Je suis content que vous ayez posé cette question, car pour moi plusieurs raisons m'ont poussé à écrire mes deux ouvrages sur le tourisme. Mais je n'en évoquerais que deux : l'une est que les acteurs sénégalais du tourisme n'écrivent pas et la deuxième, les étudiants en tourisme nous demandent toujours s'il existe des ouvrages sur le tourisme écrits par des sénégalais. Et c'est cette dernière qui m'a le plus motivé. C'est depuis 2010 que m'ai venu l'idée d'offrir le premier ouvrage sur le tourisme au secteur et en 2014 j'ai fait un second ouvrage et jamais ces deux n'ont pu être publiés par manque de financement, car ceux sont des ouvrages assez volumineux et couteux. La maison d'Edition « Le Nègre International » qui a reçu les manuscrits a fini tous les travaux de corrections, de mise en page, de conception et même la réalisation des couvertures y compris les numéros et dépôts légaux. La postface est rédigée par le Docteur Aly Sambou, chef de la filière tourisme de l'Université Gaston Berger de Saint Louis et la préface par l'ancien Ministre du Tourisme Youssou Ndour. Actuellement je suis en pourparlers avec le département du tourisme et des transports aériens et certaines institutions telles que l'UEMOA par sa direction du tourisme qui promet d'apporter son concours. « Incha Allah » avec l'aide de Dieu ces deux ouvrages sortiront au grand bonheur du secteur du tourisme.

Bamba Toure

Jeudi 23 Janvier 2014 - 14:27





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