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Elections locales et nouveau gouvernement : Cautère sur jambe de bois ? Par Mamadou Diop ‘Decroix’*


Elections locales et nouveau gouvernement : Cautère sur jambe de bois ? Par Mamadou Diop ‘Decroix’*
Les élections locales qui viennent de s’achever nous ont  délivré, en même temps que leur verdict implacable, une impressionnante quantité de leçons dont nous aurions grand tort de nous détourner. Leçons liées à la violence politique, à la défectuosité de nos institutions, au décalage énorme entre le niveau démocratique des citoyens et les pratiques dépassés de la plupart des acteurs politiques auxquels il convient de confondre de larges secteurs de ce que l’on appelle la société civile ou les mouvements citoyens et, last but not least, cette énorme confusion entretenue, consciemment ou pas, sur la vocation et les finalités de l’action politique. Il y a, sur ces questions essentielles, des initiatives majeures arrivées à maturité et dont l’économie nous a déjà coûté et nous coûtera encore plus cher.
 
Commençons par le dernier aspect, la finalité de l’action politique. Un nouveau gouvernement vient d’être formé ; le troisième de l’ère Macky Sall qui boucle à peine sa deuxième année d’existence. Il y a été beaucoup question de sanctionner des perdants et de récompenser des gagnants. Quel est le sens de cette logique pour une opinion qui se pose encore des questions sur le Plan Sénégal Emergent, ou sur les conditions d’une campagne hivernale qui s’annonce poussive ou encore sur cette Ecole arrivée à bout de souffle ? Sur cette économie atrophiée, incapable de générer des emplois pour les jeunes faute d’énergie électrique et d’énergie cognitive ? Quelle est cette conception de la politique selon laquelle un ministre doit gagner des élections sur le terrain plutôt que de produire des résultats dans son département ministériel qui puissent permettre à son camp de remporter la prochaine présidentielle ?
 
 Alors que l’opinion continue de réclamer un gouvernement resserré et compétent, le nouveau gouvernement présente un effectif de 40 membres et les vainqueurs continuent de taper à la porte. Bientôt chacun des 45 départements du Sénégal réclamera son ministre et, pourquoi pas, demain, chaque commune et chaque village. Et inversement chaque ministre ou haut fonctionnaire ne travaillera plus pour le pays tout entier mais pour le quartier ou le village qui l’a élu. Et l’on va s’étonner de constater la montée en puissance de la corruption dans les services de l’Administration, de la prédominance du clientélisme politique qui ne rime absolument pas avec le développement économique et social. Pourquoi les gagnants réclament-ils les hauts postes de responsabilité susceptibles de générer beaucoup de ressources ? Parce qu’il leur faut capturer des ressources à redistribuer. En somme, c’est le système lui-même qui est prédateur dans son essence. C’est lui qui génère la prédation des ressources du pays et, en retour,  se nourrit de celle-ci. Il faut donc lui trouver une alternative en recentrant l’action politique sur sa vocation initiale – servir la collectivité plutôt que de se servir de la collectivité –  si tant est qu’on s’en préoccupe et qu’on a le courage politique d’agir.
 
C’est dans cet  environnement que la violence politique, qui n’est pas seulement physique mais aussi symbolique, est devenue extrêmement prégnante dans notre landerneau. Elle  a été partout présente au cours de cette campagne y compris à Touba. Combattre la violence politique, c’est mettre fin à l’impunité par le renforcement notable des pouvoirs réels de la justice ; c’est restreindre drastiquement les opportunités d’enrichissement sans cause et rendre efficace les instruments de répression de ces crimes ; c’est aussi la réhabilitation de la politique comme indiqué plus haut à côté de la lutte contre la pauvreté en tant que terreau fertile à l’achat des consciences. Laisser la situation en l’état conduira à la généralisation et à l’intensification de la violence politique jusqu’au moment où elle échappera à la société toute entière. 
 
La seconde leçon porte sur la défectuosité de nos institutions. Notre pays est fondamentalement  malade de ses institutions et, pour être très précis,  de son régime outrancièrement présidentialiste. Certains articles de presse, dans le souci louable de retracer l’histoire du poste de Premier ministre au Sénégal, ont commencé par citer le Président  Mamadou Dia (paix à son âme). Erreur ! Mamadou Dia n’était pas un premier ministre au sens où on l’entend aujourd’hui, c'est-à-dire tout juste le premier des ministres. D’ailleurs il n’était pas appelé premier ministre mais Président car il était le Président du Conseil de gouvernement et exerçait la plénitude du pouvoir exécutif car le Sénégal vivait sous un régime parlementaire. Et l’on a convaincu Senghor que Mamadou Dia l’écrasait. La lutte qui s’engagea entre les deux compagnons et qui se solda par la défaite de Dia consacra également la défaite du parlement devant l’exécutif et donc l’avènement d’un régime ultra présidentialiste. Le Président de la République au Sénégal, en tant qu’institution, a tous les attributs d’un monarque sans en avoir la longévité institutionnelle. Ma conviction est que tout le drame du Sénégal vient de cette réalité-là. Depuis 1962, la séparation des pouvoirs est devenue une illusion. Les institutions sont systématiquement cannibalisées par le Président de la République à commencer par le parlement ultra fragilisé avec, aujourd’hui, un mandat annuel renouvelable de son Président. Tel est aussi le terrible destin du Premier ministre. Ce dernier, dans l’imaginaire collectif, ne doit avoir aucune personnalité propre, ne doit dégager aucun charisme, ne doit avoir aucune autonomie, bref aucune aspérité n’est tolérée car synonyme de dualité  au sommet ce qui n’a d’ailleurs aucun sens au regard de la constitution en vigueur. Malgré tout ou pour cette raison,  certains, dans le camp du pouvoir,  n’hésitent pas à préconiser la suppression pure et simple du poste de premier ministre. Autrement dit, pour soigner le déséquilibre institutionnel, ils préconisent  une accentuation du présidentialisme. Non ! là n’est pas la voie pour nous sortir du ghetto institutionnel. La vraie voie, c’est le dialogue autour des conclusions de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI). Là-dessus, il n’appartient pas au Président Sall, contrairement à ses propos en Chine, de considérer ces conclusions comme un menu (prendre ce qui lui convient et rejeter le reste). Dès lors que les commissaires mandatés par lui ont terminé leur travail de consultation et d’élaboration, le Président devrait plutôt convoquer les forces vives qui devront plancher sur l’ensemble des conclusions de la CNRI. Le Président Diouf avait usé de cette méthode avec le premier code électoral consensuel (véritable révolution politique au Sénégal en son temps).  Ainsi, les convergences dégagées feront l’objet d’un projet de constitution soumis au peuple par voie référendaire. C’est cela l’urgence incontournable et c’est cela l’acte fondateur de tout le reste en matière de réformes institutionnelles. C’est seulement sur cette solide fondation que l’Acte III de la décentralisation, revisité et corrigé, pourra reposer s’il veut répondre à la vocation qui lui est assignée. Je rappelle que le forcing du gouvernement n’a pas permis à l’Opposition de partager ce document jusqu’au moment où ces lignes sont écrites. Remettons donc les choses à l’endroit. Définissons les nouveaux contenus et contours  des nouvelles institutions et l’Acte 3 entrera harmonieusement dans cet édifice. Il en est de même de bien d’autres questions comme la durée du mandat du Président de la République en rapport avec l’échéance de 2017 sur laquelle le Président Sall s’est engagé ; ou la réforme agraire/foncière sans laquelle l’Agriculture ne sera jamais une priorité réelle du gouvernement ; ou encore le code électoral et les controverses qu’il suscite, et j’en passe.
 
Il n’est pas jusqu’aux  politiques en direction des corps militaires et paramilitaires qui ne demandent des réformes profondes et une gouvernance de type nouveau, au vu des nouvelles qui nous sont parvenues hier de la police et qui nous parviennent aujourd’hui de la Gendarmerie et qui, toutes, sont sans précédent dans l’Histoire de nos forces armées en terme de gravité.
               
Nous sommes, ici et maintenant, sommés d’adresser ces questions qui travaillent notre société jusque dans ses profondeurs les plus lointaines, pour sauver le Sénégal qui vogue déjà dans une mer sous régionale des plus agitées. Demain il fera tard.
 
*Ancien ministre d’Etat
Député non inscrit à l’Assemblée nationale
 

Bamba Toure

Mardi 22 Juillet 2014 - 08:57





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