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ENTRETIEN AVEC Dr MOUHAMADOU MOUSTAPHA SOW, DIRECTEUR DU CNDST « On a plus besoin de se déplacer à l’étranger pour faire de la recherche documentaire »


Pouvez-vous nous définir ou expliquer les missions assignées au Cndst ?
Le Centre national de documentation scientifique et technique (Cndst) relève du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il a été crée le 6 avril 1977 par décret No 77-272/ Le Centre a pour principale mission d’appliquer la politique nationale en matière de documentation scientifique et technique. A ce titre, ses compétences s’étendent à tous les aspects de la documentation et de l’information scientifique et technologie. Entre autres missions, c’est de Coordonner l’action des organismes qui interviennent dans le domaine  de l’information scientifique et technique et de promouvoir aussi toute action d’intérêt commun susceptible de renforcer les moyens d’information ou de documentation scientifique et technique.
Comment le Cndst compte-t-il appuyer les chercheurs et enseignants chercheurs ?
Le Centre intervient surtout pour  faciliter l’accès à l’information scientifique et technologique pour les chercheurs en particulier et la communauté scientifique en général. Nous les  accompagnons aussi dans la formation pour une utilisation optimale des bases de données scientifiques et des ressources documentaires électroniques disponibles.  Nous accompagnons aussi des chercheurs et des doctorants dans la publication de leurs ouvrages grâce au Fonds de publications scientifiques et techniques. Nous avons réussi grâce au soutien du Ministre de l’Enseignement supérieur, à faire abonner toutes les universités publiques sénégalaises aux bases de données science direct, scopus et aux revues Masson et nous assurons au niveau du centre comme dans les universités des formations aux enseignants-chercheurs pour une utilisation optimale de ces bases de données.
 
Le Centre était en léthargie depuis quelques années et les chercheurs ne s’y retrouvaient plus, qu’est ce qu’il faut au Cndst pour qu’il retrouve son lustre d’antan ?
Il faut le reconnaître que pendant plusieurs années le centre  a été en léthargie. Les raisons ayant présidé à cet état de fait sont multiples. Il s’agit notamment de l’instabilité institutionnelle qui a fait que le centre a connu différents départements ministériels découlant d’une absence de vision sur la place   accordée à la documentation scientifique et technique au niveau national. Il s’y ajoute le déficit de ressources budgétaires matérielles conséquentes devant permettre au centre de jouer pleinement son rôle dans le développement du pays. Autant de facteurs qui ont fait qu’on n’a pas suffisamment ressenti l’apport du Centre dans la vie scientifique de notre  pays. C’est donc à la faveur  de la Concertation nationale sur l’Avenir de l’Enseignement supérieur (Cnaes) matérialisées par les onze décisions du Conseil présidentiel du 14 août 2013  que le Centre est entré dans une dynamique de reprise de ses activités. Il ya d’ailleurs lieu de rappeler que  la décision1 du Conseil présidentiel  indique clairement de réorienter le système d’enseignement supérieur vers les Stems et l’élaboration d’une politique nationale de développement de l’Information scientifique et technique (Ist) et de la culture scientifique.
C’est conformément à cette directive présidentielle et des instructions du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche que, dès ma nomination à la tête de cette direction, j’ai initié, dans le cadre d’une démarche participative, une réflexion  autour de ce que doit être aujourd’hui le rôle et la place du Centre national de documentation scientifique et technique (CNDST) dans la mise en œuvre   des réformes dans le sous-secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche. Partant de ce nouvel environnement, il fallait juste la vision et le leadership pour donner un n=souffle nouveau au Centre.
Justement quelles sont les innovations apportées pour relancer le centre ?
Comme innovations, nous avons dès la création du site www.cndst.gouv.sn créé «  Les Nouvelles du CNDST » qui sont une lettre d’informations diffusée tous les quinze jours auprès de tous les acteurs de l’université mais aussi des décideurs et du public en général. Cette lettre, est devenue aujourd’hui incontestablement la source d’information des chercheurs sénégalais, des décideurs, des étudiants, entre autres pour connaître l’actualité scientifique et technologique au niveau national. Nous avons aujourd’hui atteint plus de 1000 abonnés et interviewés plus d’une dizaine de scientifiques. Nous avons aujourd’hui un feedback très positif venant des différents  destinataires de cette Lettre On a enregistré un taux élevé de consultation et de fréquentation de notre page facebook.  A travers cette lettre et notre site, nous contribuons très fortement à la visibilité de nos chercheurs et de leurs résultats de recherche. Aux étudiants et doctorants, nous leur donnons l’occasion de  trouver des opportunités de bourses d’études et de formation.
Au plan de la gouvernance institutionnelle et du partenariat, les textes réglementaires ont été revus et réactualisés et un plan stratégique de développement 2016-2018 a été élaboré grâce à la collaboration des professionnels de la documentation et des chercheurs.
Last but not least, l’une des plus belles grandes et plus belles innovations est l’abonnement, grâce au soutien indéfectible du Ministre Mary Teuw Niane, aux bases de données scientifiques de l’éditeur néerlandais Elsevier que sont Sciencedirect, Scopus, les Revues Masson depuis l’année dernière. Ces bases de données donnent principalement accès à des informations ayant trait aux domaines des sciences exactes, des sciences de l’Ingénieur, des Mathématiques et surtout des sciences médicales et technologies de la santé. C’est pour cette raison que le Ministre nous a demandé de travailler à obtenir un abonnement pour les chercheurs et étudiants qui travaillent dans le domaine des sciences humaines et sociales, des sciences économiques et de gestion et des sciences juridiques ; ce qui a abouti à la conclusion  récemment d’un contrat avec l’éditeur francophone Cairin.info.
Cela veut dire qu’aujourd’hui nos chercheurs et nos doctorants ont accès directement via IP à des ouvrages et à des revues référencées et indexées de haute portée scientifique. Point besoin de se déplacer à l’étranger aujourd’hui pour faire de la recherche documentaire. Cette politique d’abonnement aux bases de données les plus sollicitées à travers le monde a complètement révolutionné les modes  d’accès à l’information scientifique et technologique dans nos universités.  Cet abonnement est une première en Afrique noire francophone. Il constitue un programme  de haute portée stratégique pour le positionnement scientifique de  nos universités, de notre pays à l’échelle africaine et mondiale. Car, il faut le savoir, la visibilité scientifique de nos universités et de nos chercheurs qui se lit à travers la qualité la quantité de notre production scientifique demeure un avantage comparatif indéniable dans la compétition pour le contrôle de l’économie du savoir. Et notre pays, réputé pour sa longue tradition universitaire et académique, ne doit pas être laissé en rade dans cette compétition mondiale. D’ici quelques années, grâce à cet abonnement, les publications de nos chercheurs vont se multiplier et permettront d’améliorer la position de nos institutions d’enseignement supérieur dans le classement africain et mondial des universités.
 
A ce rythme le Cndst ne va-t-il pas concurrencer les bibliothèques universitaires ?
 
Pas du tout. Tous ces résultats et innovations énoncées plus haut ont été obtenus grâce à la collaboration et au soutien des responsables des bibliothèques universitaires et centres de documentation notamment à travers le consortium des bibliothèques de l’enseignement supérieur et mais aussi sur les conseils avisés des responsables informatiques et des enseignants-chercheurs des universités. C’est une démarche participative et inclusive que nous avons adoptée.
Au niveau du Cndst, nous venons en appoint aux bibliothèques des universités publiques du Sénégal comme d’ailleurs toutes les bibliothèques des facultés. Dans ces bibliothèques, les responsables travaillent pour la vulgarisation de ces bases de données et le centre participe à la formation des utilisateurs. Le défi majeur, après avoir trouvé ces abonnements, c’est d’assurer une utilisation optimale et maximale de ces bases de données en mettant en place une véritable politique de formation des utilisateurs bases de données.
 
Quel bilan tirez-vous de l’abonnement aux bases de données d’Elsevier?
 
Nous n’avons pas encore procédé à l’évaluation annuelle de cet abonnement. Mais le bilan est, d’ores et déjà, globalement satisfaisant. Il nous faut, en rapport avec les éditeurs, s’accorder sur les critères d’évaluation et les indicateurs de performances. A l’instant, le premier rapport dont nous disposons concerne la période allant de février à septembre 2015. L’indicateur que nous prenons le plus en compte même s’il est vraiment discutable est le nombre de téléchargement de documents en texte intégral (Requests for full-text documents). Cette liste, triée selon les institutions qui ont téléchargé le plus de documents en texte intégral, nous montre que l'Université Cheikh Anta est de loin la plus active avec un total de téléchargements de 22,740. Ce qui du reste n’est pas surprenant, car c’est sur ce campus que ce sont déroulées les formations « formation des formateurs » ainsi que l’unique formation sur campus pour les utilisateurs. Après l’Ucad, on note un pourcentage de téléchargement assez élevé à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Pour améliorer le taux d’utilisation, nous avons déjà programmé plusieurs sessions de formations sur site  dans les prochains jours. Nous sommes aujourd’hui réconfortés par les messages de félicitation et d’encouragement que nous recevons régulièrement dans nos boites d’adresse relativement à cet abonnement.
 
Le Cndst ne se limite pas seulement aux universités publiques…
 
Non ! Nous avons une mission est transversale qui touche à la prise en charge de toute la politique de documentation scientifique et technique à l’échelle nationale. Vous savez depuis l’indépendance, notre pays peine à définir une véritable politique nationale de gestion de la documentation en général et celle scientifique et technique en particulier. Or, sans un document de politique nationale en la matière, il sera quasiment impossible d’organiser harmonieusement ce secteur fort utile pour l’émergence de notre pays. C’est pourquoi, il urge de se pencher très rapidement sur la question de la documentation et des archives dans notre pays d’autant plus que les autorités actuelles en l’occurrence le Président de la République attache une importante toute particulière à ces questions si l’on se réfère aux décisions du Conseil ministre tenu il ya quelques semaines. Ailleurs, ces questions sont érigées au premier ordre des priorités de développement. Sous ce rapport, il me plaît de souligner, que dans le cadre du budget consolidé d’investissement 2015 du ministère, le Cndst a acquis un matériel de numérisation high tech et de dernière génération qui nous permet aujourd’hui de numériser en un laps de temps  des milliers de documents. Nous sommes entrain de l’installer et  nous sommes disposés à accompagner toutes les structures de l’Administration publique et les Collectivités locales qui le souhaitent pour la numérisation de leurs documents. Car, n’oublions pas aussi que le CNDST doit être, à l’image de la Direction des Archives nationales, le dépositaire de la mémoire scientifique nationale.
 


Dimanche 7 Février 2016 - 19:18





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