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Discours sur la traite libyenne des africains noirs (Mouhamadou Mounirou SY)


Discours sur la traite libyenne des africains noirs (Mouhamadou Mounirou SY)
"Une civilisation qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux a ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde". Lorsqu’Aimé CESAIRE parlait ainsi dans son discours sur le colonialisme, il s’adressait à la civilisation dite "européenne" ou "occidentale". Par contre, avec ce discours sur la traite libyenne des africains noirs, on voudrait viser la civilisation humaine, la seule qui vaille d’ailleurs et qui existe. Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. Cet ignoble et abominable commerce humain qui sévit chez Abdul Jalil (impossible chez Khadafi) n’est rien d’autre que l’arbre libyen qui cache la forêt humaine de l’inconsidération des noirs dans le monde et souvent par eux-mêmes. On se réjouit de la fermeté de ton des présidents Macky SALL du Sénégal, Alpha KONDE de l’Union Africaine et Moussa Faki MAHAMAT de la Commission de l’Union après l’appel et le sursaut de dignité de notre frère Claudy SIAR. On se félicite de la sortie médiatique des icônes du continent noir pour déplorer et incriminer ce qui se passe en Lybie en 2017. C’est bien, voire très bien même d’entendre la voix des dirigeants et leaders de l’Afrique dénoncer, déplorer et décider de mener une enquête sérieuse pour traquer tous ceux qui sont impliqués à ce commerce sauvage pour les sanctionner à la hauteur de leur forfaiture. 
Mais le mal est beaucoup plus profond. On a entendu et lu que c’est une pratique moyenâgeuse ou d’un autre âge. Mais de quoi parle-t-on ?  De la chosification du noir non ? Celui-là qu’on peut exposer sur la place du marché, le marchander, le peser, le tâter, négocier son prix avant de l’acheter au sein de la "meute humaine" avec des chaines et menottes au cou et aux poignets après l’avoir roué de coups, mouillé de crachats et souillé d’injures sans avoir de compte à rendre à personne ni d’excuse à présenter à personne. Désolé, mais ces pratiques sont toujours de mise, et aujourd’hui comme hier, en Afrique et un peu partout le monde. Pour l’autre, le noir est le dindon de la farce de la civilisation humaine. On peut le brimer, l’humilier et le rabaisser parce que c’est cela l’ordre naturel des choses. Le cas de la Lybie doit être la loupe qui doit permettre d’ausculter ce qui se passe en Mauritanie, dans le Moyen Orient, en Birmanie en terme d’esclavagisme noir et en Occident avec toutes les formes de rejet, de mépris et d’indexation. Par ici, lorsqu’un noir réussit et perce, c’est un accident, une exception. Le principe chez le noir, c’est être éternel dernier, éternel serviteur et éternel suiviste. Cette conception est sclérosée et aseptisée dans leur esprit. Etant inoculé dans leur conscience, ils se croient permis de le capturer, le vendre et l’acheter comme un bien matériel. Lorsque l’arabe lit dans le coran que "tous les hommes viennent d’Adam, qui lui vient de l’argile", il exclut des hommes le noir, oubliant que la mère son ancêtre le Prophète Ismael est une négresse d’Ethiopie, Hager. Quand on enseigne à l’occidental le peuplement de l’Europe, il refuse mordicus de concevoir que le descendant de l’homme de Cro-Magnon et le premier homo sapiens sapiens ayant peuplé son continent, beaucoup moins vieux que l’Afrique, venait entre le Tigre et l’Euphrate, donc était noir. Si tu veux apprendre au juif que lorsqu’Abraham rentrait aux portes d’Egypte, ce peuple au génie et au développement impressionnants, n’a jamais vu de femme blanche au point de s’émerveiller devant Sarah, son épouse, il te prendrait pour un demeuré. C’est pourquoi, pour eux le noir est créé pour être à leur service. Qui s’est indigné après le documentaire sur le blanchissement de la libération de la France en 1944 et le mépris qu’ont subi les tirailleurs sénégalais à Thiaroye et jusqu’à présent ? Qui s’intéresse aux noirs Falashas d’Ethiopie qui ont répondu à l’appel d’Israël pour un retour à la "terre promise" et qui sont aujourd’hui réduits en captivité par leurs propres frères et sœurs de même religion ? Combien de sœurs négro-africaines sont en travaux forcés dans les foyers saoudiens à l'heure actuelle ? Quel noir n’a jamais été refusé dans un restaurant, dans une boite de nuit, dans un appartement à louer ou dans un hôtel à cause de la couleur de sa peau en Europe ? Quels sont les stades de football où les stars négro-africaines n’ont pas été victimes d’actes racistes avec des cris de singes et des jets de peaux de bananes devant le silence complice de leurs coéquipiers blancs ? Aux, frontières algériennes, marocaines et espagnoles, qui a réagi ouvertement en voyant les noirs mourir très souvent par des attaques de chiens dressés à cet effet par les garde-côtes des pays africains ? Face à toutes ces brimades, qu’a fait l’humanité et qu’ont fait les décideurs et leaders blancs ? Quelle a été leur réaction ? Constat, passiveté et désolation. 
C’est ce que déplorait le vaillant Aimé CESAIRE en parlant d’une civilisation décadente, atteinte et moribonde. Les afro-américains Martin Luther KING, Malcom X, Michael JORDAN, PELE et Barack OBAMA, le négro-jamaïcain Bob MARLEY et les négro-africains Cheikh Anta DIOP, Diallo Teli, Felix Houphouët-Boigny, Nelson MANDELA, Léopold Sédar SENGHOR, Abdoulaye WADE ou Paul KAGAME n’y ont rien changé. Ils ont œuvré, alerté, démontré et prouvé, mais le noir est toujours objet de droit un peu partout. 
Et par partout, on intègre l’Afrique elle-même. L’homme noir vend son voisin noir, le traite en esclave de façon traditionnelle et moderne. La forme traditionnelle de l’esclavage sévit toujours là où une infime minorité blanche règne sur une forte majorité noire réduite au silence avec un esclavage sociologiquement officialisé non pas seulement dans les familles blanches mais chez les noirs eux aussi. L’esclavage moderne est simplement symbolisé par la situation des servantes communément appelées "bonnes". Beaucoup d’entre elles travaillent comme des forçats, sous ou pas payées, de 6h du matin à minuit, sans aucune sécurité de l’emploi. Elles sont pour beaucoup maltraitées, parquées dans leurs carrés et commandées à coup d’invectives, de chicottes et d’injures. Les deux natures sont certes différentes mais les pratiques sont très similaires. Dans la même veine, on peut indexer et déplorer une pratique ancestrale de l’organisation sociétale ouest-africaine : les castes. D’après le grand penseur Serigne Cheikh Ahmed Tidiane SY, le phénomène de caste est la plus abominable des pratiques humaines. Il instaure l’avilissement et la dégradation de la meilleure et la plus noble des créatures divines qu’est l’être humain. Cela doit être banni dans notre vécu et extirpé de notre habitus quotidien et collectif. 
Donc, c’est plus substantiel que cela. Il faut percer l’abcès, nettoyer la plaie et endiguer à jamais le mal. On ne doit pas s’arrêter sur les mots pour décrier les maux. Il nous faut des actions concertées. S’indigner de la traite libyenne et tolérer toutes les autres formes de traitements inhumains en l’encontre des noirs, quel que soit le lieu, serait peu pertinent. 
Une action globale, générale et totale est à initier par LE PEUPLE AFRICAIN, UN et INDIVISIBLE. Il est temps de réaliser la prophétie de Patrice Lumumba lorsqu’il prononçait son discours le 22 mars 1959 à Ibadan au Nigéria : "En effet, l’unité africaine tant souhaitée aujourd’hui par tous ceux qui se soucient de l’avenir de ce continent, ne sera possible et ne pourra se réaliser que si les hommes politiques et les dirigeants de nos pays font preuve d’un esprit de solidarité, de concorde et de collaboration fraternelle dans la poursuite du bien commun de nos populations. C’est pourquoi l’union de tous les patriotes est indispensable, surtout pendant cette période de lutte et libération". 
Et concluant avec lui par ce vibrant appel, "Africains, levons-nous ! Africains, unissons-nous ! Africains, marchons main dans la main avec ceux qui veulent nous aider pour faire de ce beau continent, un continent de la liberté et de la justice", on prie qu’avec la fin immédiate de cette traite libyenne des noirs africains,  l’humanité sera plus humaine en rendant à l’homme toute sa dignité. 

Mouhamadou Mounirou SY 
Maitre de Conférences en Droit 
Université de Thiès (Sénégal) 
Présidente de l’Alliance pour une Dynamique Nouvelle (ADN)) 

Mouhamadou Mounirou SY 
Maître de Conférences en Droit (Université de Thiès, Sénégal) 
Docteur en Droit (Université de TOULOUSE 1, France) 
Ancien Directeur Général du Bureau Sénégalais du Droit d'Auteur (BSDA) 
Conseiller municipal à la Commune de LOUGA (Sénégal) 
Président de l'Alliance pour une Dynamique Nouvelle (ADN), Mouvement Politique Sénégalais


Dimanche 19 Novembre 2017 - 10:31





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